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histoire splendide du prince diamant
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céder à ma demande. Car tu m’as ordonné de faire, entre tes mains, un souhait, et cette chose que tu sais est précisément la seule qui me touche. »

Et le roi Cyprès, à ce discours de Diamant, fut à la limite de la perplexité et du désespoir. Et son âme s’acheminait tantôt vers le désir de la mort de Diamant, et tantôt vers celui de tenir ses propres engagements. Mais c’était le premier désir qui était, de beaucoup, le plus violent. Toutefois, il réussit à le dominer temporairement, et il dit à Diamant : « Ô fils du roi Schams-Schah, pourquoi veux-tu m’obliger à livrer inutilement ta vie au vent ? Ne vaut-il pas mieux pour toi que tu renonces à l’idée dangereuse qui te préoccupe, et qu’en retour tu me demandes autre chose, fût-ce la moitié de mon royaume ? » Mais Diamant insista, disant : « Mon âme ne souhaite rien de plus, ô roi Cyprès ! » Alors il lui dit : « Il n’y a point d’inconvénient. Pourtant sache bien que, lorsque je t’aurai révélé ce que tu veux savoir, je te ferai couper la tête sans recours ! » Et Diamant dit : « Sur ma tête et mon œil, ô roi du temps ! lorsque j’aurai appris la solution que je souhaite, à savoir : quels sont les rapports entre notre maître le roi Cyprès et notre maîtresse la reine Pomme de Pin, et quelle est l’affaire du nègre et de la princesse Mohra, je ferai mes ablutions et je mourrai, la tête coupée ! »

Alors le roi Cyprès fut bien marri, non seulement parce qu’il se voyait obligé de révéler un secret auquel il tenait plus qu’à son âme, mais à cause aussi de la mort certaine de Diamant. Il resta donc la tête basse et le nez allongé pendant une heure de