Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 15, trad Mardrus, 1904.djvu/60

Cette page a été validée par deux contributeurs.
58
les mille nuits et une nuit

meil. » Et il lui raconta toute son histoire dans ses moindres détails. Et il n’y a point d’utilité à la recommencer. Puis il ajouta : « Et maintenant que la destinée m’a gratifié de la vue de ta présence lumineuse, ô roi du temps, et que tu veux bien m’accorder, comme une faveur insigne, la grâce que tu me permets de solliciter, je te demanderai simplement de me dire quels sont exactement les rapports entre notre maître le roi Cyprès et notre maîtresse la reine Pomme de Pin, et de me dire, par la même occasion, quel est le rôle du nègre noir couché à l’heure qu’il est sous le lit d’ivoire de la princesse Mohra, fille du roi Tammouz ben Qâmous, souverain des contrées de Sînn et de Masînn. »

Ainsi parla Diamant au roi Cyprès, maître de la ville de Wâkâk. Et le roi Cyprès, à mesure que parlait Diamant, changeait sensiblement quant à son teint et à ses dispositions. Et lorsque Diamant eut achevé son discours, Cyprès était devenu comme une flamme ; et l’incendie était allumé dans ses yeux. Et son bouillonnement intérieur ronflait dans sa poitrine, en tous points semblable à la fureur du chaudron sur le brasier. Et il resta un moment sans pouvoir émettre des sons. Et soudain il éclata, disant : « Malheur sur toi, ô étranger ! Par la vie de ma tête, si tu ne m’étais devenu sacré, de par le serment que j’ai fait de t’accorder la vie sauve, je t’aurais à l’instant même séparé la tête du corps ! » Et Diamant dit : « Ô roi du temps, pardonne à ton esclave son indiscrétion ! Mais je ne l’ai commise que permise. Et maintenant, quoi que tu dises, tu ne peux faire autrement, à cause de ta promesse, que de