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histoire splendide du prince diamant
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pu en payer la valeur, et que les plus puissants rois n’auraient pu s’en procurer la sœur. Et Cyprès fut très content, et accepta le cadeau, disant : « Il est agréé de notre cœur. » Puis il ajouta : « Ô jouvenceau ceint de grâce, tu peux en retour me demander n’importe quelle faveur ; elle t’est d’avance acquise. » Et Diamant, sitôt qu’il eut entendu ces paroles qu’il espérait, répondit : « Ô roi du temps, qu’Allah me réserve de demander une autre faveur que d’être ton esclave ! Toutefois, si tu veux bien me le permettre, et que tu m’accordes la vie sauve, je te dirai ce que j’ai sur le cœur ! » Et Cyprès répondit…

― À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.

MAIS LORSQUE FUT
LA NEUF CENT QUINZIÈME NUIT

Elle dit :

« … je te dirai ce que j’ai sur le cœur ! » Et Cyprès répondit : « Ô mon seigneur, les sourds et les aveugles sont bien heureux qui ne sont point exposés aux calamités, lesquelles entrent en nous par nos yeux et par nos oreilles. Car, dans le cas qui est mon cas, ce sont mes oreilles qui ont attiré sur moi la malechance ! Car, ô asile du monde, depuis le jour néfaste où j’ouïs mentionner devant moi ce que je vais te raconter, je n’eus plus de repos ni de som-