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les mille nuits et une nuit

l’ange Asraïl. Et Diamant, le voyant en cet état, lui dit les paroles les plus douces pour calmer son âme et la laver de l’effroi. Et le jeune Farah finit par lui dire : « Ô Diamant, sache que le roi a ordonné de faire mourir tout habitant ou tout voyageur qui prononcerait le nom de Cyprès ou de Pomme de Pin. Car Cyprès est précisément le nom de notre roi, et Pomme de Pin est celui de notre reine. Et voilà tout ce que je sais sur cette redoutable question. Quant aux rapports entre le roi Cyprès et la reine Pomme de Pin, je les ignore, de même que ma langue ne saurait rien dire sur le rôle du nègre en question, dans cette affaire dangereuse. Tout ce que je puis te dire, ô Diamant, pour te faire plaisir, c’est que nul autre que le roi Cyprès lui-même ne connaît ce secret caché. Et, moi, je m’offre à te conduire au palais et à te mettre en présence du roi. Et, toi, tu ne manqueras pas de gagner ses bonnes grâces ; et tu pourras peut-être alors dénouer directement ce nœud difficile. »

Et Diamant remercia son ami de cette intervention, et prit jour avec lui pour cette visite au roi Cyprès. Et quand vint le moment attendu, ils allèrent ensemble au palais ; et ils se tenaient par les mains, semblables à deux anges. Et le roi Cyprès, en voyant entrer Diamant, se dilata et s’épanouit. Et, après l’avoir admiré une heure de temps, il lui ordonna d’approcher. Et Diamant s’avança entre les mains du roi, et, après les hommages et les souhaits, il lui offrit en présent une perle rouge qu’il portait suspendue à un chapelet d’ambre jaune, si précieuse que tout le royaume de Wâkâk n’aurait