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histoire splendide du prince diamant
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main charmé d’ouvrir cette journée par ta vue délicieuse. Et je me trouve ici parce que ma destinée m’y a conduit. Et c’est là tout ce que je puis te dire de ma présence sur ta demeure bénie. » Et, ayant ainsi parlé, il serra le jouvenceau contre sa poitrine. Et tous deux se jurèrent l’amitié. Et ils descendirent ensemble dans la salle des amis, et mangèrent et burent de compagnie. Louanges à Celui qui unit deux êtres beaux, et aplanit, sur leur route, les difficultés et dénoue les complications !

Or, lorsque l’amitié fut consolidée entre Diamant et le jouvenceau, qui s’appelait Farah, et était précisément le favori du sultan de la ville de Wâkâk, Diamant lui dit : « Ô mon ami Farah, toi qui es le bien-aimé du sultan et son compagnon intime, et à qui, de ce fait, rien ne peut demeurer secret des affaires de ce royaume, peux-tu me rendre, à cause de l’amitié, un service qui ne te coûtera aucune dépense ? » Et le jeune Farah répondit : « Sur ma tête et mon œil, ô mon ami Diamant ! Parle, et s’il faut que je vende ma peau pour t’en faire des sandales, je m’exécuterai avec joie et contentement. » Et Diamant lui dit alors : « Peux-tu simplement me dire quels sont les rapports entre Pomme de Pin et Cyprès ? Et peux-tu m’expliquer, par la même occasion, le rôle du nègre noir couché sous le lit d’ivoire de la princesse Mohra, fille du roi Tammouz ben Qâmous, maître des contrées de Sînn et de Masînn ? »

En entendant cette question de Diamant, le jeune Farah devint bien changé quant à son visage, et jaune devint son teint et trouble son regard. Et il se mit à trembler comme s’il se fût trouvé devant