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les mille nuits et une nuit

fit monter sur son épaule, après avoir rempli, avec les kababs des ânes sauvages, un bissac qu’il s’était passé au cou, et s’être chargé de sept outres remplies d’eau de source.

Or, lorsque Diamant se vit ainsi juché sur l’épaule d’Al-Simourg le géant, il se dit en lui-même : « Celui-ci est un géant plus gros qu’un éléphant, et il prétend s’envoler avec moi dans les airs sans ailes ! Par Allah ! c’est là une chose prodigieuse, et dont je n’ai jamais entendu parler. » Et, pendant qu’il réfléchissait ainsi, il entendit soudain comme un bruit de vent dans l’interstice d’une porte, et vit le ventre du géant se gonfler à vue d’œil et atteindre bientôt les dimensions d’une coupole. Et ce bruit de vent devenait maintenant semblable à celui d’un soufflet de forgeron, à mesure que se gonflait le ventre du géant. Et soudain Al-Simourg frappa du pied le sol, et se trouva, en un instant, avec toute sa charge, planant au-dessus du jardin. Puis il continua à monter dans le ciel, en faisant manœuvrer ses jambes comme le crapaud dans l’eau. Et, arrivé à une hauteur convenable, il fila en ligne droite dans la direction de l’occident. Et, quand il se sentait porté malgré lui, par le vent, plus haut qu’il ne le désirait, il lâchait un ou deux ou trois ou quatre pets, de force et de longueur variées. Et quand, au contraire, par suite de cette déperdition, son ventre se dégonflait, il aspirait l’air avec toutes ses ouvertures du haut, à savoir sa bouche, son nez et ses oreilles. Et aussitôt il remontait dans le ciel azuré, et filait en ligne droite avec la rapidité de l’oiseau.

Et ils voyagèrent de la sorte, comme les oiseaux,