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les mille nuits et une nuit

nant par la main, elle le conduisit en silence à travers les galeries du palais, et sortit avec lui dans le jardin.

Et c’était un jardin pareil à celui dont Rizwân est le gardien ailé. Une étendue de roses en formait les avenues, et le zéphir, qui passait sur ces roses et semblait cribler le musc, parfumait l’odorat et embaumait le cerveau. Là s’entr’ouvrait la tulipe ivre de son propre sang, et le cyprès s’agitait de tout son murmure pour louer à sa manière le chant mesuré du rossignol. Là les ruisseaux couraient comme des enfants rieurs, au pied des roses qui s’accordaient avec leurs boutons.

Et donc la princesse Aziza, traînant derrière elle ses lourdes splendeurs, en dépit de sa taille frêle qui succombait sous un fardeau si considérable, arriva de la sorte avec Diamant au pied d’un grand arbre dont le généreux ombrage protégeait en ce moment le sommeil d’un géant. Et elle approcha ses lèvres de l’oreille de Diamant, et lui dit à voix basse : « Celui que tu vois ici couché est précisément celui que tu cherches, l’oncle de Gamila, Al-Simourg le Volant. Si, quand il sera sorti de son sommeil, ta chance veut qu’il ouvre son œil droit avant son œil gauche, il sera satisfait de te voir et, reconnaissant à tes armes que tu es envoyé vers lui par la fille de son frère, il fera pour toi ce que tu lui demanderas. Mais si, pour ta malechance et ton irrémédiable destinée, c’est son œil gauche qui s’ouvre le premier à la lumière, tu es perdu sans recours ; car il se saisira de toi, malgré ta vaillance, et te soulevant du sol, par la force de ses bras, il te tiendra suspendu