Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 15, trad Mardrus, 1904.djvu/47

Cette page a été validée par deux contributeurs.
histoire splendide du prince diamant
45

à son cheval à travers leurs corps sans âme. Et il arriva de la sorte, en vainqueur, à la porte du palais où avait régné Tâk-Tâk. Et il frappa à la porte, comme un maître frappe à sa propre demeure. Et celle qui vint lui ouvrir était une qui avait été frustrée de son trône et de son héritage par ce Tâk-Tâk de malheur. Et c’était une adolescente semblable à la gazelle effarée, et dont la figure, tant elle était piquante, répandait du sel sur la blessure du cœur des amants. Et si elle n’était pas allée plus loin à la rencontre de Diamant, c’est que, en vérité, la lourdeur de ses hanches suspendues à sa taille frêle l’en avait empêchée, et que son derrière, orné de creux divers, était si remarquable et béni qu’elle ne pouvait pas le mouvoir à sa guise, vu qu’il tremblait de sa propre nature, comme le lait caillé dans l’écuelle du bédouin, et comme un monceau de gelée de coing au milieu du plateau parfumé au benjoin.

Et elle reçut Diamant avec les effusions de la captive pour son libérateur. Et elle voulut le faire asseoir sur le trône du roi défunt, mais Diamant se récusa et, lui prenant la main, il l’invita à monter elle-même sur ce trône dont son père avait été frustré par Tâk-Tâk. Et il ne lui demanda rien en retour de tant de bienfaits. Alors, subjuguée par sa générosité, elle lui dit : « Ô beau, à quelle religion appartiens-tu pour faire ainsi le bien sans espoir de récompense ? » Et Diamant répondit : « Ô princesse, la foi de l’Islam est ma foi, et sa croyance est ma croyance ! » Et elle lui demanda : « Et en quoi consistent, ô mon maître, cette foi et cette croyance ? » Il répondit : « Elles consistent simplement à attester