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les mille nuits et une nuit

de têtes et la fit tournoyer de telle façon que l’air en trembla. Mais, au même moment, Diamant le bien-aimé détendit son bras armé du poignard de Tammouz, et, comme l’éclair brille, il enfonça la lame dans les côtes de l’Éthiopien géant, et fit boire la mort d’une gorgée à ce fils des mille cornards. Et aussitôt l’ange de la mort s’approcha de ce maudit avec la dernière heure.

Quant aux nègres de la suite de Mâk-Mâk, lorsqu’ils virent leur chef tomber sur le sol, sa longueur rentrée dans sa largeur, ils livrèrent leurs jambes au vent et s’envolèrent comme les moineaux devant le Père du gros bec. Et Diamant les poursuivit, et tua ceux qu’il tua. Et s’enfuirent ceux qui s’enfuirent.

Lorsque le roi Tâk-Tâk eut appris la déconfiture de Mâk-Mâk, la colère envahit ses narines si violemment qu’il ne distingua plus sa main droite de sa main gauche. Et sa stupidité l’incita à aller lui-même attaquer le cavalier des gorges et des ravins, la couronne des cavaliers, Diamant. Mais à la vue du héros grondant, le fils noir de l’impudique au gros nez sentit ses muscles se relâcher, le sac de son estomac se retourner, et le vent de la mort passer sur sa tête. Et Diamant le prit pour cible, et décochant vers lui une des flèches du prophète Saleh — sur lui la prière et la paix ! — il lui fit avaler la poussière de ses talons et envoya, du coup, son âme habiter les lieux funèbres où la Nourricière des vautours a déposé son bagage.

Après quoi Diamant fît une pâtée des nègres qui entouraient leur roi mort, et traça un chemin droit