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histoire splendide du prince diamant
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Tâk-Tâk. Et Diamant vit, en effet, que les approches de ce château étaient gardées par des Éthiopiens hauts de dix coudées, à faces épouvantables. Et, sans laisser la crainte envahir sa poitrine, il attacha son cheval sous l’arbre de la fontaine, et s’assit à l’ombre pour se reposer. Et il entendit les nègres qui disaient entre eux : « Enfin voici qu’après bien du temps, un être humain vient nous ravitailler de chair fraîche. Vite emparons-nous de cette aubaine, afin que notre roi Tâk-Tâk s’en dulcifie la langue et le palais. » Et, en conséquence, dix à douze Éthiopiens des plus féroces s’avancèrent du côté de Diamant, pour s’emparer de lui et le présenter embroché à leur roi.

Lorsque Diamant vit que le tour de sa vie était venu réellement, il tira de sa ceinture l’épée salomonique, et ; se ruant sur ses agresseurs, il en fît partir un grand nombre pour la plaine de la mort. Et lorsque ces fils de l’enfer furent parvenus à destination, la nouvelle en arriva par courrier au roi Tâk-Tâk, qui, entrant dans une colère rouge, envoya aussitôt, pour s’emparer de l’audacieux, le chef de ses nègres, le goudronné Mâk-Mâk. Et ce Mâk-Mâk, qui était une calamité reconnue, arriva à la tête de l’armée des goudronnés, comme l’irruption d’un essaim de frelons. Et la mort noire sortait de ses yeux, cherchant ses victimes.

Or, à sa vue, le prince Diamant se leva sur ses deux pieds, et l’attendit, les jarrets tendus. Et le calamiteux Mâk-Mâk, sifflant comme une vipère à cornes, et mugissant avec ses larges narines, arriva tout contre Diamant, brandit sa massue abatteuse