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les mille nuits et une nuit

restait attaché à son idée désespérante, elle ne put faire autrement que de lui permettre de partir. C’est pourquoi, poussant plaintes, soupirs et gémissements, elle lui dit : « Ô mon œil, puisque nul ne peut fuir la destinée attachée à son cou, et qu’il est dans ta destinée de me quitter sitôt notre rencontre faite, je veux te donner, pour t’aider dans ton entreprise, assurer ton retour, et sauvegarder ton âme chérie, trois choses qui me sont échues en héritage ! » Et elle alla prendre une grande boîte dans un second enfoncement du mur, l’ouvrit et en retira un arc d’or avec ses flèches, une épée d’acier chinois et un poignard à poignée de jade, et les remit à Diamant en lui disant : « Cet arc et ces flèches ont appartenu au prophète Saleh — sur lui la prière et la paix ! Cette épée, qui est connue sous le nom de Scorpion de Soleïmân, est si excellente que si on en frappait une montagne elle la fendrait comme du savon. Et ce poignard enfin, fabriqué autrefois par le sage Tammouz, est inappréciable pour celui qui le possède, car il préserve de toute attaque par la vertu cachée dans sa lame. » Puis elle ajouta : « Toutefois, ô Diamant, tu ne pourras parvenir à la ville de Wâkâk, qui est séparée de nous par sept océans, qu’avec l’aide de mon oncle Al-Simourg. C’est pourquoi applique ton oreille contre mes lèvres, et écoute bien les instructions qui en sortiront à ton intention. » Et elle se tut un moment, et dit : « Sache, en effet, ô mon ami Diamant, qu’à une journée de marche d’ici il y a une fontaine ; et tout près de cette fontaine se trouve le palais d’un roi nègre du nom de Tâk-Tâk. Et ce palais de Tâk-Tâk est gardé