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histoire splendide du prince diamant
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daim, et s’en servit comme d’une laisse pour le conduire à l’intérieur de son palais. Et là elle se hâta de lui offrir des fruits et des rafraîchissements exquis. Et il en mangea et but jusqu’à ce qu’il fût rassasié.

Et, cela fait, il pencha sa tête et la posa sur l’épaule de la jeune fille, et se mit à pleurer. Et Gamila, fort émue de voir les larmes couler de la sorte des yeux de ce daim, le caressa délicatement de sa douce main. Et, en sentant sur lui cet apitoiement, il plaça sa tête aux pieds de la jeune fille, et se mit à pleurer encore plus. Et elle lui dit : « Ô mon daim chéri, pourquoi pleures-tu ? Je t’aime mieux que moi-même ! » Mais il redoubla de pleurs et de larmoiement, et se frotta la tête contre les pieds de la douce et pitoyable Gamila, qui comprit cette fois, à n’en pas douter, qu’il la suppliait de lui rendre sa forme humaine.

Alors, bien qu’elle eût une grande peur de sa sœur aînée, la magicienne Latifa, elle se leva et alla prendre, dans un enfoncement du mur, une petite boîte enrichie de pierreries. Et, séance tenante, elle fit des ablutions rituelles, se vêtit de sept robes de lin nouvellement blanchies, et prit, dans la petite boîte, un peu de l’électuaire qui s’y trouvait…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.