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les mille nuits et une nuit

même endroit. Alors sa perplexité fut à ses limites extrêmes, et la sueur de l’impatience transpira de ses sabots. Et il se mit à aller et à venir tout le long du mur, comme ferait un lion enfermé, jusqu’à ce qu’il se trouvât en face d’une ouverture en forme de fenêtre, creusée dans le mur, et qui avait été invisible à ses regards. Et il se glissa dans cette ouverture et, avec mille peines, il se trouva cette fois hors de l’enceinte du jardin.

Et il se trouva dans un second jardin dont la bonne odeur parfumait le cerveau. Et un palais lui apparut au bout des allées de ce jardin. Et à une fenêtre de ce palais il vit une jeune et charmante figure à couleurs tendres de tulipe, dont les prunelles eussent excité l’envie de la gazelle de Chine. Ses cheveux, couleur d’ambre, avaient retenu tous les rayons du soleil, et son teint était de jasmin persan. Et elle avait la tête dressée, et souriait dans la direction de Diamant.

Or, lorsque Diamant le daim fut tout proche de sa fenêtre, elle se leva en toute hâte et descendit dans le jardin. Et elle arracha quelques touffes d’herbe ; et, comme pour l’apprivoiser et l’empêcher de s’enfuir à son approche, elle lui tendit de loin la touffe bien gentiment, en faisant claquer sa langue. Et Diamant le daim, qui ne demandait pas mieux que de voir quelle pouvait bien être cette seconde affaire, s’approcha de la jeune fille, en accourant à la manière des animaux affamés. Et aussitôt la jeune fille, qui s’appelait Gamila, et qui était la sœur de Latifa par le même père mais non par la même mère, saisit le cordon de soie qui était au cou du prince