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les mille nuits et une nuit

ments d’or garnis de pierreries, tandis qu’un vêtement brodé couvrait leur dos, et que des mouchoirs de brocart étaient attachés à leur cou. Et tous ces daims, avec leurs pattes de devant et leurs pattes de derrière, avec leurs yeux et avec leurs sourcils, se mirent notoirement à faire signe à Diamant de ne pas entrer. Mais Diamant, sans tenir compte de leurs avertissements, et pensant plutôt que ces daims n’agitaient ainsi leurs yeux, leurs sourcils et leurs membres que pour lui mieux témoigner le plaisir qu’ils avaient à le recevoir, se mit à circuler tranquillement à travers les allées de ce jardin.

Et il finit par arriver, se promenant de la sorte, à un palais que n’aurait pas égalé celui de Kessra ou de Kaïssar. Et la porte de ce palais était entr’ouverte comme l’œil de l’amant. Et, dans l’entre-bâillement de cette porte, une tête charmante de jouvencelle se montrait, qui était féerique, et qui eût fait se tordre de jalousie la nouvelle lune. Et cette petite tête, dont les yeux eussent rendu honteux ceux du narcisse, regardait de côté et d’autre, en souriant.

Or, dès qu’elle eut aperçu Diamant, elle fut stupéfaite à la fois et conquise par sa beauté. Et elle resta quelques instants en cet état, puis elle lui rendit le salam, et lui dit : « Qui es-tu, ô jeune homme plein d’audace qui te permets de pénétrer dans ce jardin où les oiseaux n’osent agiter leurs ailes ? »

Ainsi parla à Diamant l’adolescente, dont le nom était Latifa, si belle qu’elle était la sédition du temps…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.