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les mille nuits et une nuit

Alors le Maghrébin entra chez le sultan, père de la princesse, et, après les salams et compliments, lui dit : « Ô roi du temps, je viens te demander une grenade, parce que la fille de mon oncle est enceinte, et son âme désire vivement une grenade. Et tu sais quel péché on commet en ne satisfaisant pas l’envie d’une femme enceinte. » Et le roi s’étonna de la demande, et répondit : « Ô homme, la saison n’est pas la saison des grenades, et les grenadiers de mon jardin sont fleuris seulement depuis hier. » Il dit : « Ô roi du temps, si dans ton jardin il n’y a pas de grenades, coupe-moi la tête ! »

Alors le roi appela son chef jardinier, et lui demanda : « Est-il vrai, ô jardinier, qu’il y a des grenades dans mon jardin ? » Et le jardinier répondit : « Ô mon maître, la saison présente est-elle la saison des grenades ? » Et le roi se tourna vers le Maghrébin, et lui dit : « Allons, ta tête est perdue…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.

MAIS LORSQUE FUT
LA NEUF CENT CINQUANTE-QUATRIÈME NUIT

Elle dit :

… Et le roi se tourna vers le Maghrébin, et lui dit : « Allons, ta tête est perdue. » Mais le Maghrébin répondit : « Ô roi, avant de faire voler ma tête, donne