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histoire de baïbars… (le 12e capitaine…)
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« Par Gogg et Magogg, et par le feu des astres tourneurs, je les rattraperai, fussent-ils sur la septième terre ! » Et il courut d’abord à la ville de l’Avisé ; et il y entra précisément au milieu de la dispute entre les haschachin et les gens du souk. Et il entendit parler de corde et de chameau, et de jatte servant de mer et de tombeau ; et il s’approcha du vendeur de haschich et lui dit : « Ô pauvre, si tu as perdu ton chameau, je suis prêt à te le rembourser, pour Allah ! Donne-moi ce qui t’en reste, à savoir cette corde, et je te donnerai le prix qu’il t’a coûté, plus cent dinars de gain pour toi. » Et le marché fut conclu, à l’heure et à l’instant. Et le Maghrébin prit la corde du chameau, et s’en alla, en s’envolant dans sa joie.

Or, à cette corde était attaché le pouvoir de prise. Et il n’eut qu’à la montrer de loin au jeune prince, pour qu’aussitôt il vînt de lui-même passer son propre nez dans la corde. Et il fut changé aussitôt en chameau de course, et s’agenouilla devant le Maghrébin qui monta sur son dos.

Et le Maghrébin le poussa dans la direction de la ville où habitait la princesse. Et ils arrivèrent bientôt sous les murs du jardin qui entouraient le palais de son père. Mais, au moment où le Maghrébin faisait manœuvrer la corde pour faire s’agenouiller le chameau et descendre, l’Avisé put attraper la corde avec ses dents, et la coupa net par le milieu. Et le pouvoir qui y était attaché fut détruit par cette coupure. Et l’Avisé, pour échapper au Maghrébin, se changea en une grosse grenade, et alla se suspendre, sous cette forme, à un grenadier en fleurs.