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les mille nuits et une nuit

chat de la femme du roi qui miaulait par là. Et, avant que sa maîtresse pût l’en empêcher, le chat avala le manger, et mourut à son heure. Et le prince se leva et sortit, sans faire semblant de rien.

Et la femme du roi et le juif se demandèrent : « Qui a pu lui dire cela ? » Et ils se répondirent : « Personne ne le lui a dit, excepté son cheval. » Alors la femme dit : « Bien. » Et elle feignit d’être malade. Et le roi fit venir le maudit juif, qui était leur médecin, pour examiner la reine. Et il l’examina, et dit : « Son remède consiste en un cœur de poulain d’une jument de race, de telle et telle couleur. » Et le roi dit : « Il n’y a qu’un poulain, dans mon royaume, qui soit dans ces conditions, et c’est le poulain de mon fils, l’orphelin de sa mère. » Et, lorsque le garçon revint de l’école, son père lui dit : « Ta tante, la reine, est malade, et il n’y a pour elle d’autre remède que le cœur de ton poulain, fils de la jument de race. » Il lui répondit : « Il n’y a pas d’inconvénient. Mais, Ô mon père, je n’ai pas encore monté une fois mon poulain. Je voudrais le monter d’abord, et, cela fait, ils l’égorgeront et prendront son cœur. » Et le roi dit : « Bien. » Et le jeune prince monta sur son cheval, devant toute la cour, et le lança au galop dans le meidân. Et, galopant ainsi, il disparut aux yeux des hommes. Et les cavaliers coururent après lui, mais ne le trouvèrent pas.

Et il arriva ainsi dans un autre royaume que celui de son père, près du jardin du roi de ce royaume. Et le cheval lui donna une touffe de ses crins, et une pierre à feu, et lui dit : « Si tu as besoin de moi, tu allumeras un de ces crins-ci, et je serai aussitôt