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les mille nuits et une nuit

année, jour pour jour. » Le roi lui dit : « Bien. Viens te mettre de côté ! » Et il interrogea de la sorte tous les cheikhs des corporations qui demandèrent, les uns une année, les autres deux, et d’autres trois ou même quatre années. Et le roi ne savait à quoi se résoudre, quand, il vit quelqu’un derrière tout le monde qui sautait et se baissait, et faisait des signes avec ses yeux et avec son doigt levé. Et il l’appela, et lui demanda : « Pourquoi te dresses-tu et te baisses-tu ? » Il répondit : « Pour me faire remarquer par notre maître le sultan, car je suis pauvre, et les cheikhs des corporations ne m’ont pas averti de leur arrivée ici. Et moi je suis tisserand, et j’enseignerai mon métier à ton fils en une heure de temps. »

Alors le roi renvoya tous les cheikhs des corporations, et retint le tisserand, et lui apporta de la soie de différentes couleurs et un métier, et lui dit : « Enseigne ton art à mon fils. » Et le tisserand se tourna vers le prince, qui s’était levé, et lui dit : « Regarde ! moi je ne te dirai pas : « Fais comme ceci, et fais comme cela ! » non, moi je te dis : « Ouvre tes yeux, et vois ! Et regarde comme mes mains vont et viennent. » Et, en un rien de temps, le tisserand tissa un mouchoir, tandis que le prince le regardait attentivement. Puis il dit à son élève : « Approche maintenant et fais un mouchoir comme celui-ci. » Et le prince se mit au métier, et tissa un mouchoir splendide, en dessinant dans sa trame le palais et le jardin de son père…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.