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histoire splendide du prince diamant
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quelque indice qui pût l’éclairer, quand il aperçut un derviche revêtu d’une robe verte et les pieds chaussés de babouches en cuir jaune citron qui, un bâton à la main, et pareil à Khizr le Gardien, tant il avait le visage rayonnant et l’esprit éclairé sur les choses, se dirigeait de son côté. Et Diamant alla auprès de ce derviche vénérable, et l’aborda par le salam, en descendant de cheval. Et, le derviche lui ayant rendu le salam, il lui demanda : « De quel côté, ô vénérable, est située la ville de Wâkâk, et à quelle distance se trouve-t-elle ? » Et le derviche, après avoir regardé attentivement le prince pendant une heure de temps, lui dit : « Ô fils des rois, abstiens-toi de t’engager dans un chemin sans issue et dans une route effrayante. Renonce à un projet de folie, et occupe-toi de tout autre soin, parce que, si tu restais toute ta vie à tourner la tête à la recherche de ce chemin, tu n’en trouverais pas la trace. De plus, en voulant te rendre à la ville de Wâkâk, tu livres au vent de la mort ton existence et ta vie chérie ! » Mais le prince Diamant lui dit : « Ô respectable et vénéré cheikh, mon affaire est une grande affaire, et mon but est un but si important que je préfère sacrifier mille vies comme la mienne plutôt que d’y renoncer. Si donc tu connais quelque chose de ce chemin, sois mon guide comme Khizr le Gardien. »

Lorsque le derviche vit que Diamant ne se désistait en aucune façon de son idée, malgré toutes sortes d’utiles conseils qu’il continuait à lui donner, il lui dit : « Ô jeune homme béni, sache que la ville de Wâkâk est située au centre de la montagne Kâf, là où les genn, les mareds et les éfrits habitent, tant