Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 15, trad Mardrus, 1904.djvu/306

Cette page a été validée par deux contributeurs.
304
les mille nuits et une nuit

et dis à tes gens de ne l’enterrer que dans le jardin qui est dans mon palais. » Et la mère du prince dit : « Bien. Je vais aller soumettre tes conditions à mon fils. »

Et elle alla dire à son fils : « Tu ne sais pas ! Si tu veux l’épouser, elle demande que tu te fasses passer pour mort, qu’on t’enveloppe dans sept linceuls, qu’on te conduise en cortège funèbre par la ville, et qu’on te mène chez elle pour t’enterrer. Et, alors, elle t’épousera. » Et il répondit : « Rien que cela, ma mère ? Alors, déchire tes vêtements, crie et dit : « Mon fils est mort ! »

Et la mère du prince déchira ses vêtements, et cria d’une voix aiguë autant que lamentable : « Ô ma calamité ! mon fils est mort ! »

Alors tous les gens du palais, ayant entendu le cri, accoururent et virent le prince étendu par terre, semblable aux morts, et sa mère dans un état lamentable. Et on prit le corps du défunt, on le lava, et on le mit dans sept linceuls. Puis les lecteurs du Korân et les cheikhs s’assemblèrent, et sortirent en cortège devant le corps, recouvert de châles précieux. Et, après avoir conduit le mort par toute la ville, ils revinrent le déposer dans le jardin de la jeune fille, suivant ses désirs. Là, ils le quittèrent, et s’en allèrent en leur voie.

Or, quand il n’y eut plus personne dans le jardin, la jeune fille, qui était morte autrefois par un brin de lin, et qui ressemblait par ses joues aux roses blanches et aux jasmins, par ses sourcils aux caroubes sur les branches, et par sa taille au jet de la fontaine, descendit vers le prince qui était dans les