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histoire de baïbars… (le 9e capitaine…)
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« J’ai deux pièces de brocart royal. J’irai les lui porter, et lui ferai la demande. » Il lui dit : « Bien, porteles-lui. »

Et la mère du prince alla chez la jeune fille, et lui dit : « Ma fille, accepte ce cadeau-ci, mon fils désire t’épouser. » Et la jeune fille appela sa négresse, et lui dit : « Prends-les, ces deux pièces de brocart, et fais-en des torchons pour laver les dalles. » Et la reine s’en alla, fâchée, trouver son fils qui lui demanda : « Que t’a-t-elle dit, ma mère ? » Elle répondit : « Elle a fait prendre par l’esclave les deux pièces de brocart d’or, et lui a ordonné d’en faire des torchons pour essuyer la maison ! » Il lui dit : « Je t’en supplie, ma mère, n’as-tu pas encore une chose précieuse que tu pourrais lui porter ? Car je suis malade d’amour pour ses yeux. » Elle lui dit : « J’ai un collier d’émeraudes sans tare ni tache. » Il lui dit : « Bien. Porte-le lui. »

Et la mère du prince monta chez la jeune fille, et lui dit : « Accepte de nous ce cadeau-ci, ma fille ; mon fils désire t’épouser. » Et elle répondit : « Ton cadeau est accepté, ô dame ! » Et elle appela l’esclave, et lui dit : « Les pigeons ont-ils mangé ou pas encore ? » Elle répondit : « Pas encore, ya setti. » Elle lui dit : « Prends alors ces grains d’émeraude et donne-les aux pigeons, pour qu’ils les mangent et s’en rafraîchissent ! »

En entendant ces paroles, la mère du prince dit à la jeune fille : « Tu nous as humiliés, ma fille ! Je te prie de me dire seulement si tu veux épouser mon fils ou non. » Elle répondit : « Si tu veux que j’épouse ton fils, dis-lui de se faire passer pour mort ; enveloppe-le dans sept linceuls ; conduis-le par la ville,