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histoire de baïbars… (le 9e capitaine…)
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Alors son père et sa mère, dont elle était l’unique joie, déchirèrent leurs vêtements, et, secoués par le vent de la calamité, allèrent, avec le linceul, pour l’enterrer. Mais voici que la vieille passa, et leur dit : « Vous êtes des gens riches, et ce serait une honte pour vous d’enterrer cette jeune fille dans la poussière. » Ils demandèrent : « Et que faut-il que nous fassions ? » Elle dit : « Construisez-lui un pavillon, au milieu du fleuve. Et vous la coucherez sur un lit dans ce pavillon. Et vous irez la voir, toutes les fois que vous en aurez le désir. »

Et ils lui construisirent un pavillon de marbre, sur des colonnes, au milieu du fleuve. Et ils l’entourèrent d’un jardin avec des pelouses. Et ils mirent la jeune fille sur un lit d’ivoire, dans le pavillon, et s’en allèrent en pleurant.

Or, qu’arriva-t-il ?

La vieille alla trouver aussitôt le fils du roi, qui était malade d’amour, et lui dit : « Viens voir la jeune fille. Elle t’attend, couchée dans un pavillon, au milieu du fleuve. »

Alors le prince se leva et dit au vizir de son père : « Viens avec moi, pour une promenade. » Et ils sortirent tous deux, précédés de loin par la vieille qui montrait au prince le chemin. Et ils arrivèrent au pavillon de marbre, et le prince dit au vizir : « Attends-moi à la porte. Je ne tarderai pas. »

Puis il entra dans le pavillon. Et il trouva la jeune fille morte. Et il s’assit à la pleurer, en récitant des vers sur sa beauté. Et il lui prit la main, pour la baiser, et vit les doigts qui étaient si fins et si jolis. Et, en les admirant, il trouva, dans l’un, le brin de