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histoire de baïbars… (le 8e capitaine…)
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asséna un coup de pied qui l’envoya rouler hors du tapis. Et elle frappa le tapis avec la baguette, en disant : « Vole, ô tapis, et transporte-moi dans le palais de mon père ! » Et le tapis, à l’instant même, s’envola avec elle et la porta au palais.

Et le fils du joueur de clarinette ambulant resta seul sur le sommet de la montagne, risquant de mourir de faim et de soif, sans que, même les fourmis, pussent retrouver ses traces. Et il se mit à descendre de la montagne, en se mordant la paume de rage. Et il descendit ainsi pendant une journée et une nuit, sans s’arrêter, et arriva, vers le matin, au milieu de la montagne. Et, pour sa chance, il trouva là deux dattiers qui ployaient sous leurs régimes de dattes mûres.

Or, l’un des deux dattiers portait des dattes rouges, et l’autre des dattes jaunes. Et le garçon se hâta de cueillir une branche de chaque espèce. Et, comme il préférait les jaunes, il commença par avaler avec délices une de ces dattes jaunes-là. Mais, aussitôt, il sentit quelque chose qui lui grattait la peau de la tête ; et il porta sa main à sa tête, à l’endroit où ça le grattait, et sentit une corne qui lui sortait de la tête avec rapidité, et s’entortillait autour du dattier. Et il eut beau vouloir se dégager, il resta fixé par sa corne au dattier. Alors il se dit : « Mort pour mort, je préfère encore satisfaire d’abord ma faim, et ensuite mourir ! » Et il s’attaqua aux dattes rouges. Et voici ! Dès qu’il eut avalé une de ces rouges-là, il sentit que sa corne se dénouait du dattier, et que sa tête se dégageait. Et, en un clin d’œil, la corne fut comme si elle n’avait jamais été. Et il n’en resta pas même la trace sur sa tête.