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les mille nuits et une nuit

dormait que d’un œil, se réveilla en sursaut. Et le juif lui cria : « Viens ici, ô fils de la clarinette. Qui t’a dit de manger le cul ? Moi j’ai donné pour lui une caisse remplie d’or, et j’ai posé des conditions à ta mère. Et maintenant les conditions vont marcher, par ta mort ! » Et le garçon, sans s’émouvoir, lui répondit : « Va-t’en, ô juif ! N’as-tu pas honte de faire tout ce voyage pour un cul de poule ? Et n’est-ce pas une honte encore plus grande de vouloir m’ouvrir le ventre à cause de ce cul-là ? » Mais le juif répondit : « Moi je sais ce que j’ai à faire. » Et il tira son couteau de sa ceinture pour ouvrir le ventre du garçon. Mais le garçon saisit le juif d’une seule main, et le souleva et le frappa contre le sol, où il broya ses os et fit entrer sa longueur dans sa largeur. Et le juif — qu’il soit maudit ! — mourut à son heure.

Or, le jeune garçon devait bientôt éprouver les effets, sur sa personne, de ce cul de poule. En effet, il revint sur ses pas, pour retourner chez sa mère ; mais il se perdit en route, et arriva dans une ville où il vit un palais de roi à la porte duquel quarante têtes moins une étaient suspendues. Et il demanda aux gens : « Pourquoi ces têtes-là sont-elles suspendues ? » On lui répondit : « Le roi a une fille très forte à la lutte sur le terrain. Celui qui entrera et la vaincra, l’épousera ; mais celui qui ne la vaincra pas, aura la tête tranchée. »

Alors le jeune garçon entra sans hésiter chez le roi, et lui dit : « Je veux descendre sur le terrain avec ta fille, pour mesurer ma force avec la sienne. » Et le roi lui répondit : « Ô mon garçon, crois-moi,