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histoire de baïbars… (le 6e capitaine…)
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marchand, qui était le peseur de la mer d’Émeraude, et étendit sa main gauche, en disant : « Essaie-moi des bagues et des bracelets, parmi ce que tu as de plus beau. » Mais le vendeur se récria, disant : « N’est-ce point une honte sur toi, ô dame, de me tendre la main gauche ? Je n’essaie pas sur les mains gauches.» Et Dalal, fort embarrassée de lui montrer sa main droite, qui était verte comme le trèfle, lui dit : « Ma main droite me fait mal. » Il lui dit : « Qu’est-ce que ça fait ? Moi, je ne veux que la voir avec mes yeux, et j’en connaîtrai la mesure. » Et Dalal lui montra sa main.

Or, dès que le peseur de la mer d’Émeraude eut vu la main de Dalal, qui avait la marque verte, il sut que c’était elle qui avait pris l’écuelle d’eau. Et il l’enleva soudain dans ses bras, et la transporta chez le sultan de la mer d’Émeraude. Et il la lui remit, en disant : « Elle a dérobé une écuelle de ton eau, ô roi de la mer. Et tu sais ce que tu as à faire avec elle. »

Et le sultan de la mer d’Émeraude regarda Dalal avec courroux. Mais, dès que ses yeux furent tombés sur elle, il fut ému de sa beauté, et lui dit : « Ô jeune fille, je veux faire mon contrat de mariage sur toi. » Elle lui dit : « Quel dommage ! Mais je suis déjà mariée, par un contrat licite, avec un adolescent semblable, pour la beauté, à l’étoile Canopée quand elle brille sur la mer. » Alors il lui dit : « Et n’as-tu pas une sœur qui te ressemble, ou une fille, ou même un fils ? » Elle dit : « J’ai une fille qui est nubile d’aujourd’hui, ayant dix ans, et qui ressemble, pour la beauté, à son père. » Il dit : « Bien. »