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les mille nuits et une nuit

dire au roi, père du prince : « Ô mon seigneur, je suis un de tes fermiers, et je t’apporte en cadeau, à l’occasion des noces, ce gros mouton blanc que nous avons engraissé. Mais il faut attacher ce mouton à la porte du harem, parce qu’il est né et a été élevé au milieu des femmes, et que, si tu le laisses en bas, il bêlera toute la nuit et ne laissera dormir personne. » Et le roi dit : « Bien, il est accepté. » Et il donna une robe d’honneur au fermier, qui s’en alla en sa voie. Et il remit le mouton blanc à l’agha du harem, en lui disant : « Monte attacher ce mouton-ci à la porte du harem, parce qu’il n’est content qu’au milieu des femmes ! »

Or, lorsque vint la nuit de la pénétration, et que fils du roi fut entré dans la chambre nuptiale et que, après avoir fait ce qu’il avait à faire, il se fut endormi aux côtés de Dalal, le mouton blanc brisa sa corde et entra dans la chambre. Et il enleva Dalal et sortit avec elle dans la cour. Et il lui dit, sans se fâcher : « Dis-moi, Dalal, m’as-tu encore laissé de l’honneur ? » Elle lui dit : « Sous ta protection ! Ne me mange pas ! » Il lui dit : « Cette fois-ci, il n’y a pas ! » Alors elle dit : « Attends, avant de me manger, que je sois entrée dans les cabinets de la cour, pour un besoin. » Et le ghoul dit : « Bien. » Et il la conduisit aux cabinets, et resta là à garder la porte, en attendant qu’elle eût fini.

Or, dès que Dalal fut à l’intérieur des cabinets, elle leva ses deux mains, et dit : « Ô Notre Dame Zeinab, fille de notre Prophète béni, ô toi qui sauves du malheur, viens à mon secours ! » Et la sainte lui délégua aussitôt une de ses suivantes, d’entre les