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les mille nuits et une nuit

taient la peur et la terreur que j’ai de toi, je dirais, sans crainte de mentir, qu’il y a en bas une femme plus belle que toi. » Elle répondit : « Bien. Va lui dire de monter ici ! » Et la négresse descendit et lui dit : « Viens parler à ma maîtresse, qui te demande. » Mais Dalal répondit : « Est-ce que, par hasard, ma mère est une esclave noire, ou mon père un nègre, que je monte avec les esclaves ? » Et la négresse monta rapporter à sa maîtresse ce que lui avait dit Dalal. Alors elle envoya une esclave blanche, en disant : « Va, toi, appeler cette femme qui est en bas. » Et l’esclave blanche descendit et dit à Dalal : « Viens, ô dame, parler en haut à ma maîtresse. » Mais Dalal lui répondit : « Je ne suis pas une esclave blanche, et je ne suis point fille d’esclaves, pour monter avec une esclave blanche. » Et elle s’en alla raconter à sa maîtresse ce que Dalal lui avait dit. Alors la dame appela son fils, le fils du roi, et lui dit : « Descends alors, toi, et amène la dame qui est en bas. »

Et le jeune prince qui était, pour la beauté, semblable à l’étoile Canopée quand elle brille sur la mer descendit vers l’adolescente, et lui dit : « Ô dame, aie la bonté de monter au harem chez la reine, ma mère. » Et Dalal, cette fois, répondit : « Je monterai avec toi, parce que tu es le fils d’un roi et sultan, comme je suis la fille d’un roi et sultan. » Et elle monta les escaliers devant lui.

Or, aussitôt que le jeune prince vit Dalal monter les escaliers, dans sa beauté, l’amour pour elle descendit en son cœur…