Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 15, trad Mardrus, 1904.djvu/273

Cette page a été validée par deux contributeurs.
histoire de baïbars… (le 6e capitaine…)
271

dant que toutes les jeunes filles entraient au bain, et se baignaient et se faisaient masser, et sortaient joyeuses en badinant entre elles. Et Dalal, loin d’être contente comme les autres, pleurait en silence dans son coin. Et les jeunes filles vinrent à elle, à la fin, et lui dirent, chacune : « Qu’as-tu, ma sœur, et pourquoi pleures-tu ? Lève-toi plutôt, déshabille-toi et prends un bain avec nous. » Mais elle leur répondit, après les remercîments : « Est-ce que le bain peut laver les soucis ? Est-ce qu’il peut guérir les chagrins sans remède ? » Et elle ajouta : « Il est toujours temps de descendre au bain. »

Sur ces entrefaites, une vieille vendeuse de lupins et d’arachides grillées entra au hammam, portant sur sa tête sa jatte de lupins et d’arachides grillées. Et les jeunes filles lui en achetèrent, qui pour une piastre, qui pour une demi-piastre, qui pour deux piastres. Et, à la fin, voulant également se distraire un peu en mangeant des arachides et des lupins, l’attristée Dalal appela la vieille vendeuse, et lui dit : « Viens, ô ma tante, donne-moi des lupins seulement, pour une piastre courante. » Et la vendeuse s’approcha et s’assit et remplit de lupins la mesure de corne, pour une piastre. Et Dalal, au lieu de lui donner une piastre, lui mit dans la main son collier de perles, en lui disant : « Ma tante, prends cela pour tes enfants. » Et, comme la vendeuse se confondait en remercîments et baise-mains, Dalal lui dit : « Voudrais-tu me donner ta jatte de lupins et les vêtements déchirés que tu portes, et prendre de moi, en échange, cette cuvette de bain en or, mes bijoux, mes habits et ce paquet de vêtements pré-