Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 15, trad Mardrus, 1904.djvu/27

Cette page a été validée par deux contributeurs.
histoire splendide du prince diamant
25

Et, de fait, le jeune santon fut dès lors entouré de toutes sortes d’égards et de petits soins. Et le pavillon qu’on lui céda pour demeure fut desservi par les plus dévouées d’entre les esclaves de Mohra, et, du matin au soir, encombré de plateaux chargés de mets de toutes sortes et de confitures de toutes les couleurs. Et la sainteté du jeune homme fit l’édification générale du palais. Et ce fut à qui viendrait avec le plus d’empressement balayer le sol qu’il avait foulé et recueillir les restes de ses repas ou les rognures de ses ongles où quelque autre chose semblable, pour s’en faire des amulettes.

Or, un jour, d’entre les jours, la jeune fille qui s’appelait Branche de Corail, et qui était la favorite de la princesse Mohra, entra chez le jeune santon, qui était seul, et s’approcha de lui toute pâle d’émoi et tremblante, et plaça sa tête à ses pieds humblement, et, poussant soupirs et gémissements, elle lui dit : « Ô couronne sur ma tête, ô maître des perfections, Allah Très-Haut, auteur de la beauté qui te distingue, fera pour toi davantage par mon entremise, si tu y consens. Mon cœur, qui tremble pour toi, est attristé et se dissout d’amour comme la cire, car les flèches de tes regards l’ont percé, et le dard de l’amour l’a pénétré. Dis-moi donc, de grâce ! qui tu es et comment tu es arrivé dans ce jardin, afin que, te connaissant mieux, je puisse te servir plus efficacement. » Mais Diamant, qui craignait quelque ruse de la princesse Mohra, ne se laissa pas fléchir par les paroles suppliantes et les regards passionnés de la jeune fille, et continua à s’exprimer comme le font ceux dont l’esprit est réellement sous la puissance