— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.
LA NEUF CENT QUARANTE-CINQUIÈME NUIT
Elle dit :
… Et le roi s’émerveilla du flacon, à la limite de l’émerveillement, et dit à la dame des Arabes, Yasmine : « Peux-tu me dire, ô mon frère, où tu as acheté ce prodigieux flacon-là ? » Elle répondit : « Moi, je ne l’ai pas acheté avec de l’argent. » Il demanda : « Alors, avec quoi l’as-tu acheté ? » Elle dit : « Moi, j’ai vu ce flacon chez quelqu’un, et j’ai dit à ce quelqu’un : « Donne-moi ce flacon, et demande-moi ce que tu voudras ! » Et il me répondit : « Ce flacon n’est ni à vendre ni à acheter. Mais si tu veux que je te le donne, viens faire une fois avec moi le faire du coq avec la poule ! Et après je te donnerai ce flacon. » Et moi je lui ai fait ce qu’il voulait de moi. Et il m’a donné le flacon. »
Or, Yasmine ne parlait ainsi que parce qu’elle avait une idée.
Aussi, quand le roi eut entendu ses paroles, il lui dit : « C’est bien, et la chose est aisée. Car, moi aussi, si tu veux me donner le flacon, je consens à ce que tu me fasses la même chose deux fois au lieu d’une ! » Et la dame des Arabes dit : « Non, deux fois, ce n’est pas assez ! Qu’Allah ouvre la porte du gain ! »