Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 15, trad Mardrus, 1904.djvu/261

Cette page a été validée par deux contributeurs.
histoire de baïbars… (le 5e capitaine…)
259

Et le roi lui dit : « Qu’as-tu fait là-haut, ô vizir ? » Il répondit : « Hé ouallah ! je t’ai bien dit que la terre t’a été prise ! Songe qu’il m’a donné cent bourses, en cadeau, et m’a dit : « Prends cela pour toi, parce que tu es un pauvre ! » Voilà ce qu’il m’a dit, celui-là ! Peux-tu, après ça, douter qu’il ait pris cette ville et ce pays ? » Et le roi dit : « Non, penses-tu cela, vraiment ? En ce cas, je vais, moi aussi, essayer d’endormir la vigilance des gardes barbarins, et monter en haut pour voir ce roi-là ! » Et il fit ce qu’il avait dit.

Or, lorsque la dame des Arabes, Yasmine, le vit ; elle le reconnut, mais ne fit semblant de rien. Et elle se leva de son trône en son honneur, et lui dit : « Aie la bonté de t’asseoir ! » Et lorsque le roi vit que celui qu’il croyait être un roi étranger se levait droit en son honneur, son cœur se rassura, et il se dit à lui-même : « C’est certainement un sujet, et non pas un roi ; sans quoi il ne se lèverait pas comme ça pour quelqu’un qu’il ne connaît pas ! » Et il s’assit sur le siège ; et les rafraîchissements vinrent ; et il but et fut content. Alors il s’enhardit tout à fait, et demanda à la dame des Arabes, Yasmine : « Vous autres, quelle est votre qualité ? » Et elle sourit, et répondit : « Nous sommes des gens riches. » Et, parlant ainsi, elle tourna le couvercle du flacon, et, à l’instant, dix merveilleuses esclaves blanches en sortirent, qui dansèrent aux castagnettes. Et, avant de disparaître, chacune d’elles jeta dix bourses pleines d’or sur les genoux de Yasmine.

Et le roi s’émerveilla du flacon, à la limite de l’émerveillement…