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histoire de baïbars… (le 5e capitaine…)
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c’est peut-être vrai. Aussi, pour nous en assurer, nous allons envoyer un crieur par la ville annonçant que personne ne doit allumer de lumière cette nuit dans sa maison. De cette manière, nous saurons si les gens qui habitent ce palais sont nos sujets obéissants, ou bien des rois conquérants. »

Et donc le crieur alla par la ville crier l’ordre en question. Et, lorsque vint la nuit, le roi se mit à parcourir les divers quartiers avec son vizir. Et ils virent que nulle part il n’y avait de lumière, sinon dans le palais splendide qu’ils ne connaissaient pas. Et ils y entendirent des chants et le son des théorbes, des luths et des guitares. Alors le vizir dit au roi : « Tu vois, ô roi ! Je t’avais bien dit que ce pays ne nous appartenait plus, et que ce palais était habité par les rois envahisseurs ! » Et le roi répondit : « Qui sait ? Viens, allons nous informer auprès du portier du palais. » Et ils allèrent interroger le portier. Mais comme ce portier était un Barbarin, et qu’il ne savait ni ne comprenait un mot d’arabe, il leur répondait à chaque question : « Ghanou ! » Ce qui, en langue barbarine, signifiait : « Je ne sais pas ! » Et le roi et son vizir s’en allèrent, et ne purent dormir cette nuit-là, parce qu’ils avaient peur.

Et, le matin, le roi dit au vizir : « Dis au crieur de crier encore une fois par la ville que personne n’allume de lumière cette nuit. De cette manière nous aurons une certitude. » Et le crieur cria ; et la nuit vint ; et le roi se promena avec son vizir. Mais ils trouvèrent que l’obscurité régnait dans toutes les maisons, excepté dans le palais, où la lumière était