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histoire de baïbars… (le 5e capitaine…)
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manger ni boire. » Et le marchand, un homme de bien, devint fâché, et quitta sur l’heure sa boutique, et alla dire à sa femme : « Comment, ô maudite ! tu ne donnes rien à manger à cette pauvre dame ! » Et il la prit, et se mit à la battre, jusqu’à ce que son bras fût fatigué de la battre. Puis il prit du pain, et autre chose encore, et monta sur la terrasse, et dit à Yasmine : « Ya sett, prends et mange. Et ne nous blâme pas pour l’oubli ! » Elle répondit : « Qu’Allah augmenté ton bien ! C’est comme si tes faveurs étaient arrivées à leur destination ! Maintenant, si tu veux compléter tes bienfaits, je te demanderai une chose ! » Il dit : « Parle, ô dame ! » Elle dit : « Je voudrais que tu me bâtisses un palais hors de la ville, qui soit deux fois plus beau que celui du roi. » Il répondit : « Il n’y a pas d’inconvénient. Certainement ! » Elle dit : « Voilà de l’or. Prends-en autant que tu veux. Si les maçons travaillent d’ordinaire pour un drachme, dans leur journée, tu leur en donneras quatre pour hâter la construction. » Et le marchand dit : « Bien. »

Et il prit l’argent, et alla assembler les maçons et les architectes, qui lui bâtirent, en peu de temps, un palais deux fois plus beau que celui du roi. Et il revint alors au poulailler, auprès de la dame des Arabes, Yasmine, et lui dit : « Ya setti, le palais est fini. » Elle lui dit : « Voici de l’argent. Prends-le et va acheter des meubles en satin pour le palais. Et fais venir des domestiques nègres, qui soient étrangers et ne sachent pas l’arabe ! » Et le marchand alla acheter les meubles en satin, et se procurer les domestiques nègres en question, qui ne savaient ni