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les mille nuits et une nuit

tourna le couvercle. Et aussitôt une cuvette avec son aiguière en sortirent. Et Yasmine s’y lava les mains. Puis elle leva les yeux, et vit sortir du flacon un plateau rempli de mets et de boissons. Et elle mangea et but et fut contente. Alors elle tourna de nouveau le couvercle du flacon, et dix jeunes esclaves blanches en sortirent, les castagnettes dans les mains, qui se mirent à danser dans le poulailler. Et lorsqu’elles eurent fini leur danse, chacune d’elles jeta dix bourses d’or sur les genoux de Yasmine. Puis elles rentrèrent toutes dans le flacon.

Et la dame des Arabes, Yasmine, resta ainsi dans le poulailler trois jours entiers, mangeant, et se divertissant avec les jeunes filles du flacon. Et chaque fois qu’elle les faisait sortir, elles lui jetaient, après la danse, des bourses remplies d’or ; tant et tant qu’à la fin le poulailler fut rempli d’or jusqu’au plafond.

Or, au bout de ce temps, le nègre du marchand monta sur la terrasse pour satisfaire un besoin. Et il vit la dame Yasmine, et s’en étonna, car il la croyait déjà partie, suivant le dire de l’épouse du marchand. Et Yasmine lui dit : « Est-ce que ton maître m’a envoyée ici pour que vous me nourrissiez, ou que vous me laissiez plus morte qu’auparavant, de faim et de soif ? » Et l’esclave répondit : « Ya setti, mon maître croit qu’on t’a donné du pain, et que tu t’en es allée le même jour. » Puis il se hâta de courir chez son maître, à la boutique, et lui dit : « Ya sidi, la pauvre dame que tu as envoyée avec moi à la maison, il y a trois jours, est restée tout ce temps-là sur la terrasse, dans le poulailler, sans rien