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histoire de baïbars… (le 5e capitaine…)
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fleuve. Puis il se tourna vers la dame des Arabes, Yasmine, et lui dit : « Et toi non plus, je ne veux plus te voir. Va-t’en où tu voudras ! »

Et elle s’en alla. Et, deux jours et deux nuits, elle marcha avec faim et soif. Et elle arriva alors dans une ville. Et elle s’assit à la porte d’une boutique de marchand, depuis le matin jusqu’à l’heure de la prière de midi. Alors le marchand lui dit : « Ô dame, toi tu es assise ici depuis ce matin. Pourquoi ça ? » Elle répondit : « Je suis une étrangère. Je ne connais personne dans cette ville-ci. Et je n’ai rien mangé ni bu depuis deux jours. » Alors le marchand appela son nègre, et lui dit : « Emmène cette dame-ci, et conduis-la à la maison. Et dis-leur, à la maison, de lui donner à manger et à boire. » Et le nègre l’emmena, et la conduisit à la maison, et dit à l’épouse du marchand, sa maîtresse : « Mon maître te dit de donner à cette dame de quoi bien manger et boire. » Et la femme du marchand regarda Yasmine, et la vit, et en devint jalouse, parce que l’autre était plus belle. Et elle se tourna vers le nègre, et lui dit : « Bien. Fais monter cette dame dans le poulailler, sur la terrasse. » Et le nègre prit Yasmine par la main, et la fit monter dans le poulailler en question, sur la terrasse.

Et Yasmine resta là jusqu’au soir, sans que la femme du marchand s’occupât d’elle en aucune façon, ni pour le manger ni pour le boire. Alors la dame des Arabes, Yasmine, se souvint du flacon en cuivre rouge qui était sous son bras, et se dit : « Voyons, peut-être y a-t-il là dedans un peu d’eau à boire ! » Et, pensant ainsi, elle prit le flacon et en