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les mille nuits et une nuit

ce cachet prenne l’engagement d’y attacher le pouvoir en question. Et tu as, pour cela, un délai de trois jours ! »

Alors le vizir alla chez ceux qui d’ordinaire font les cachets et les amulettes, et leur dit : « Ecrivez-moi un cachet pour le roi. » Et il leur raconta ce que le roi avait dit et exigé. Mais aucun d’eux ne voulut prendre sur lui de faire un cachet pareil. Alors le vizir se leva et s’en alla, fâché. Et il se dit : « Je ne trouverai pas dans cette ville-ci ce qu’il me faut. Je vais aller dans un autre pays. »

Et il sortit de la ville, et, en marchant dans la campagne, il fit la rencontre d’un cheikh arabe qui battait son blé dans son champ. Et il le salua, disant : « La paix sur toi, ô cheikh des Arabes ! » Et le cheikh des Arabes lui rendit le salam, et lui dit : « Où vas-tu à présent, ya sidi, par cette chaleur-là ? » Il lui répondit : « Je voyage à cause d’une affaire concernant le roi. » Il lui demanda : « Quelle affaire est-ce ? » Il répondit : « Le roi me demande de lui faire écrire un cachet qui soit de telle sorte que, s’il est gai, il ne se fâche pas, et, s’il est fâché, il ne se réjouisse pas. » Et le cheikh des Arabes lui dit : « Rien que ça ? » Le vizir répondit « Oui ! » Il lui dit : « Bien. Assieds-toi. Et moi je vais t’apporter à manger. »

Et le cheikh des Arabes laissa un moment le vizir, et alla chez sa fille, qui s’appelait Yasmine, et lui dit : « Ô ma fille Yasmine, prépare le déjeuner pour un hôte. » Elle lui dit : « Cet hôte-là, d’où vient-il » ? » Il répondit : « De la part du sultan. » Elle lui demanda : « Et que veut-il ? » Et son père lui ra-