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histoire de baïbars… (le 4e capitaine…)
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étendez à terre le fils du pêcheur ! » Et les écoliers, selon l’usage, se saisirent de Môhammad et l’étendirent à terre, et mirent ses pieds dans l’étau de bois. Et le maître d’école prit la verge et se mit à frapper le garçon sur la plante des pieds, jusqu’à ce que le sang en jaillit et que ses pieds et ses jambes enflassent. Et il lui dit : « Inschallah, demain je recommencerai, ô tête dure ! » Et le garçon, dès qu’on l’eut délivré de l’instrument de torture, s’enfuit de l’école, livrant ses jambes au vent. Et il alla chez son père et sa mère, et leur dit : « Voyez ! le cheikh de l’école m’a frappé jusqu’à me faire mourir, à cause du fils du sultan. Moi je n’irai plus à l’école, et je veux devenir un pêcheur comme mon père. » Et son père lui dit : « Bien, mon fils. » Et il se leva, et lui donna un filet et un panier, et lui dit : « Prends, voilà les outils de la pêche. Et demain va pêcher, quand même tu ne devrais gagner que ce qu’il te faut pour vivre. »

Et donc, le lendemain, à l’aurore, Môhammad, le garçon, alla jeter le filet dans la mer. Mais il n’y eut de pris dans le filet qu’un petit rouget, tout seul. Et Môhammad retira le filet, et se dit : « Je vais griller ce rouget, dans ses propres écailles, et le manger pour mon déjeuner. » Il alla donc rassembler un peu d’herbes sèches et des morceaux de bois, les alluma, et prit le rouget pour le griller sur le feu. Alors le rouget ouvrit la bouche, et lui adressa la parole en lui disant : « Ne me brûle pas, ya Môhammad ! Moi je suis une reine d’entre les reines de la mer. Remets-moi dans l’eau comme j’étais, et moi je te serai utile au temps du malheur, et je viendrai à ton aide aux jours de la nécessité ! » Et il dit :