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les mille nuits et une nuit

Et le sultan avait également un fils, de l’âge du fils du pêcheur ; mais il était atteint de laideur, et sa couleur était de la couleur des fils de fellahs.

Or, les deux enfants allaient à la même école apprendre à lire et à écrire. Et quand le fils du roi, qui était un paresseux inférieur, voyait le fils du pêcheur, qui était un studieux supérieur, il lui disait : « Hé, que ton matin soit heureux, le fils du pêcheur ! » Et il l’appelait ainsi pour l’humilier. Et Mohammad l’Avisé répondait : « Et que ton matin soit heureux, ô fils du sultan, et qu’il blanchisse ton visage qui est noir comme la courroie des vieilles socques ! » Et les deux enfants restèrent ainsi ensemble dans l’école durant l’espace d’une année, en se saluant toujours de cette manière-là. Aussi, à la fin, le fils du sultan s’en alla, fâché, raconter la chose à son père, lui disant : « Le fils du pêcheur, ce chien, me rend tous les jours mon salam en me disant : « Toi dont la figure est noire comme la courroie des vieilles socques. » Alors le roi se fâcha ; mais comme il n’osait pas, à cause du passé, punir lui-même le fils du pêcheur, il appela le cheikh maître d’école, et lui dit : « Ô cheikh, si tu veux tuer l’enfant Môhammad, le fils du pêcheur, moi je te ferai un beau cadeau, et je te donnerai des femmes concubines et de belles esclaves blanches ». Et le maître d’école se réjouit et répondit : « À tes ordres, ô roi du temps. Moi, tous les jours j’appliquerai la bastonnade à l’enfant, jusqu’à ce qu’il meure de ce régime ! »

Aussi, lorsque le lendemain Môhammad l’Avisé alla à l’école lire le Korân, le maître d’école dit aux écoliers : « Apportez l’instrument à bastonnade, et