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les mille nuits et une nuit

MAIS LORSQUE FUT
LA NEUF CENT SEPTIÈME NUIT

Elle dit :

« … s’y refléter une jeune figure d’adolescent si belle que je ne sus si elle appartenait à un fils des genn ou des hommes. Et, dans mon émotion, je laissai tomber de ma main la coupe d’or dans l’eau. »

En entendant ces paroles de Branche de Corail, la princesse Mohra ordonna que, pour vérifier la chose, une autre de ses suivantes allât promptement regarder dans l’eau. Et aussitôt une seconde jeune fille courut vers le ruisseau et, ayant vu s’y refléter la figure charmante, elle revint en courant, le cœur brûlé, et gémissante d’amour, dire à sa maîtresse : « Ô notre maîtresse Mohra, je ne sais pas, mais je crois que cette image dans l’eau est celle d’un ange ou d’un fils des genn ! Ou peut-être même que la lune est descendue dans le ruisseau ! »

À ces paroles de sa suivante, la princesse Mohra sentit le tison de la curiosité étinceler dans son âme ; et le désir de voir par elle-même surgit dans son cœur. Et elle se leva sur ses pieds charmants, et, orgueilleuse à la manière des paons, elle se dirigea vers le ruisseau. Et elle vit l’image de Diamant. Et toute pâle elle devint, et de l’amour elle fut la proie.