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histoire de baïbars… (le 3e capitaine…)
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elles, et je ne pus résister à ses sollicitations ; et je montai sur le dattier pour cueillir une ou deux ou trois ou quatre dattes, et les manger. Mais je trouvai sur le dattier des fellahs qui semaient le grain sur le dattier, et coupaient les épis, tandis que d’autres fellahs battaient le blé et l’égrainaient. Et moi, ayant marché encore quelque temps sur le dattier, je rencontrai quelqu’un qui battait des œufs sur une aire, et je regardai plus attentivement et je vis que, de tous les œufs battus sur l’aire, sortaient des petits poussins. Et les coquelets allaient d’un côté et les poulettes de l’autre. Et moi je restai là à les regarder, et les vis qui grandissaient à vue d’œil. Alors je mariai ensemble les petits coqs et les jeunes poules ; puis je les laissai contents ensemble, et m’en allai sur une autre branche du dattier. Et là je rencontrai un âne qui portait des gâteaux de sésame ; et comme, précisément, mon âme raffolait des gâteaux de sésame, je pris un de ces gâteaux et l’avalai en deux ou trois bouchées. Et, l’ayant ainsi mangé, je levai les yeux, et me trouvai hors de la pastèque. Et la pastèque se referma et redevint complète, comme elle était. Et telle est l’histoire que j’avais à vous raconter ! »

Lorsque le roi eut entendu ces paroles du nouveau-né emmailloté, il lui dit : « Hé, hé, ô cheikh des menteurs et leur couronne, hé, hé, l’Avisé ! en voilà un tissu de faussetés ! Penses-tu vraiment que nous avons cru un mot à cette histoire diabolique ! Aïe, ouallah ! Depuis quand, par exemple, les pastèques contiennent-elles des villes ? Et depuis quand les œufs, une fois qu’on les a battus sur l’aire, produi-