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histoire de baïbars… (le 3e capitaine…)
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Va porter sans retard cet enfant chez le roi. Et tu verras bien s’il sait parler ou s’il ne sait pas. Seulement, tu demanderas pour lui trois coussins, et tu le mettras au milieu du divan, et tu le soutiendras avec ces coussins, en lui en mettant un du côté droit, un du côté gauche et un derrière le dos ! Et prie sur le Prophète ! » Et il répondit : « Sur Lui la prière et la paix ! » Puis il s’en alla, portant le nouveau-né sur son bras, trouver le roi et le vizir.

Lorsque le vizir vit arriver le pêcheur avec ce petit enfant emmailloté, il se mit à rire, et lui dit : « C’est là l’enfant ? » Et il répondit : « Oui. » Et le vizir se tourna vers l’enfant, et lui dit avec la voix qu’on prend pour parler aux bambins : « Mon enfant ! » Mais l’enfant, au lieu de parler, se contracta quant à son nez et à sa bouche, et se mit à faire : « Oua ! oua ! » Et le vizir alla très content chez le roi, et lui dit : « J’ai parlé à l’enfant, mais il ne m’a pas répondu, et s’est contenté de pleurer et de faire « Oua ! oua ! » Or c’est là la fin de la vie du pêcheur. Mais la preuve ne doit être faite que devant l’assemblée des vizirs, des émirs et des notables, car je leur lirai les clauses du contrat que nous avons fait avec le pêcheur ; et après, nous le tuerons. Et alors tu pourras te réjouir avec la belle, sans que le monde ait le droit de parler sur ton compte ! » Et le roi dit : « C’est cela même, ô vizir ! » Et ils entrèrent tous deux dans la salle ; et les émirs et les fonctionnaires s’assemblèrent. Et on fit venir le pêcheur ; et le vizir lut devant lui et devant tous les assistants le contrat cacheté, et dit : « Maintenant, ô pêcheur, apporte l’enfant qui va nous parler. » Et le pêcheur dit : « Qu’on me donne d’abord