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histoire de baïbars… (le 3e capitaine…)
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plaisante avant sa mort ! » Et le vizir lui demanda, en se moquant : « Est-ce qu’un tapis d’un arpent est une balle d’enfant qu’on peut mettre en poche ? » Il répliqua : « En quoi cela vous regarde-t-il ? Vous me demandez un tapis, et je vous l’apporte, vous n’avez rien d’autre à me réclamer. Au lieu donc de rire de moi, ô vizir, lève-toi et donne-moi un gros clou. Et le tapis sera devant vous autres dans cette salle-ci ! »

Alors le vizir se leva, en riant de la folie du pêcheur, prit le clou, et dit à l’oreille du porte-glaive : « Ô porte-glaive, tu vas rester là, près de la porte de la salle. Et, comme le pêcheur ne va pas pouvoir, quand je lui aurai remis le clou, tapisser la salle comme je le désire, tu tireras le sabre, sans attendre d’autre ordre de moi, et, d’un coup, tu feras voler sa tête. » Et le porte-glaive répondit : « Bien ! » Et le vizir alla remettre le clou au pêcheur, en lui disant : « Fais-nous voir le tapis maintenant. »

Alors le pêcheur planta le clou à une extrémité de la salle, y attacha le bout du fil du fuseau, et fit tourner le fuseau, en se disant : « Tourne ma mort, ô maudit ! » Et voici qu’un tapis magnifique s’étendit et se développa le long de la salle, dans tous les sens, dont il ne se trouvait pas le pareil dans le palais. Et le roi et le vizir se regardèrent avec stupéfaction pendant une heure de temps, tandis que le pêcheur se tenait tranquille, sans rien dire. Puis le vizir cligna de l’œil au roi, d’un air entendu, et se tourna vers le pêcheur et lui dit : « Le roi est content, et te dit : « Bien. » Mais il te demande encore une chose. » Il lui dit : « Et quelle chose est-ce ? » Il