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histoire splendide du prince diamant
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l’Euphrate, comprit qu’une telle beauté ne pouvait avoir été départie qu’a la seule Mohra, celle pour qui des milliers d’âmes se sacrifiaient comme les papillons à la flamme.

Et voici que, pendant qu’il était dans l’extase et la contemplation, une jeune fille d’entre les suivantes de Mohra s’approcha de l’endroit où il était caché, et se disposa à remplir à l’eau du ruisseau une coupe d’or qu’elle tenait à la main. Et soudain la jeune fille poussa un cri d’effroi et laissa tomber dans l’eau sa coupe d’or. Et elle s’en retourna en courant, tremblante et la main sur le cœur, auprès de ses compagnes. Et celles-ci la conduisirent aussitôt auprès de leur maîtresse Mohra, pour qu’elle s’expliquât sur le motif de son étourderie et de la chute de la coupe dans l’eau.

Et la jeune fille, qui de son nom s’appelait Branche de Corail, ayant pu réprimer un peu les battements de son cœur, dit à la princesse : « Ô couronne sur ma tête, ô ma maîtresse, pendant que j’étais penchée sur le ruisseau, je vis soudain s’y refléter une jeune figure d’adolescent si belle que je ne sus si elle appartenait à un fils des genn ou des hommes. Et, dans mon émotion, je laissai tomber de ma main la coupe d’or dans l’eau…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.