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les mille nuits et une nuit

pondit : « Bien. Mais, est-ce que je suis un homme de tapis ? Je suis un homme de poissons. Demande-moi des poissons de toutes les couleurs et de différentes variétés, et moi je te les apporterai. Mais, pour ce qui est des tapis, ils ne me connaissent pas, par Allah ! et je ne les connais pas, et je n’en connais même pas l’odeur ni la couleur. Quant aux poissons, je m’engagerai ; et je cachetterai. » Mais le vizir répondit : « Inutile d’augmenter tes paroles oiseuses. Le roi a ordonné la chose. » Et le pêcheur dit : « Hé, par Allah ! tu peux prendre cent cachets, et non pas un cachet, du moment que me voici fournisseur de tapis ! » Et il frappa ses mains l’une contre l’autre, et sortit du palais, et s’en alla chez sa femme, fâché.

Et sa femme, le voyant en cet état, lui demanda : « Pourquoi es-tu fâché ? » Il répondit : « Tais-toi. Et, sans parler davantage, lève-toi et ramasse le peu de hardes que nous possédons, et fuyons de ce pays-ci. » Elle demanda : « Pourquoi ? » Il répondit : « Parce que le roi veut me tuer dans trois jours. » Elle lui dit : « Pourquoi ? » Il répondit : « Il veut de moi un tapis long d’un arpent et large d’un arpent, pour la salle de son palais ! » Elle demanda : « Rien que ça ? » Il répondit : « Oui. » Elle dit : « Bien. Dors tranquille, et moi, demain, je t’apporterai le tapis en question, et tu le développeras dans la salle du roi. » Alors il dit : « Il ne me manquait plus que ça ! c’est parfait, maintenant. Es-tu donc devenue folle comme le vizir, ô femme, ou bien sommes-nous des gens de tapis ? » Mais elle répondit : « Le veux-tu maintenant, ce tapis ? Et t’enverrai-je tout de suite le prendre et l’apporter ici ? » Il dit : « Oui, je préfère