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histoire de baïbars… (le 3e capitaine…)
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qu’allons-nous faire ? » Et le sultan répondit : « Il n’y a pas à hésiter ; il faut que tu fasses saisir le pêcheur par les gardes du palais, et que tu le tues. Alors, moi, j’épouserai sa femme. » Et le vizir, qui était un homme judicieux, lui dit : « Il n’est pas licite que tu le tues sans délit de sa part, sinon le monde dira du mal sur ton compte. On dira, par exemple : « Le sultan a tué le pêcheur, ce pauvre, en vue d’une femme. » Et le roi répondit au vizir : « C’est vrai, ouallahi ! Que faut-il donc que je fasse, pour satisfaire mon désir sur cette belle sans pareille ? » Et le vizir dit : « Tu peux arriver à ce but par les moyens licites. Tu sais, en effet, que la salle des audiences, au palais, est longue d’un arpent et large d’un arpent. Nous allons donc faire venir le pêcheur, dans la salle, et je lui dirai : « Notre maître le sultan veut mettre un tapis dans cette salle-ci. Et ce tapis doit être d’une seule pièce. Si tu ne l’apportes pas, nous te tuerons. » De cette manière, sa mort aura un motif. Et on ne dira pas que c’est à cause d’une femme. » Et le sultan répondit : « Bien. »

Alors le vizir se leva et envoya mander le pêcheur. Et quand il arriva, il le prit et l’amena dans la salle en question, en présence du sultan, et lui dit : « Ô pêcheur, notre maître le roi veut que tu lui mettes dans cette salle, longue d’un arpent et large d’autant, un tapis qui soit d’une seule pièce. Dans ce but, il te donne un délai de trois jours, au bout desquels, si tu n’apportes pas le tapis, il te brûlera dans le feu. Écris donc un engagement, à ce sujet, sur ce papier, et apposes-y ton cachet. »

En entendant ces paroles du vizir, le pêcheur ré-