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histoire de baïbars… (le 2e capitaine…)
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acceptes par avance mes conditions, qui sont au nombre de trois, pas une de plus, pas une de moins ! » Et moi je répondis : « Il n’y a point d’inconvénient ! Mais quelles sont-elles ? » Elle me dit : « Tu ne prendras jamais de haschich, tu ne mangeras point de pastèque, et tu ne t’asseoiras jamais sur une chaise ! » Et moi je répondis : « Par ta vie, ô fille de l’oncle, ces conditions sont dures. Mais, telles qu’elles sont, je les accepte d’un cœur sincère, bien que je n’en comprenne pas le motif. » Elle me dit : « C’est comme ça. Et c’est à prendre ou à laisser ! » Et moi je dis : « Je les prends, et de tout cœur amical ! »

Et donc notre mariage fut célébré, et l’affaire fut faite, et tout se passa comme ça doit se passer. Et nous vécûmes ensemble plusieurs années en parfaite union et tranquillité.

Mais un jour vint où invinciblement mon esprit fut hanté par la recherche du motif des trois fameuses conditions, au sujet du haschich, des pastèques et de la chaise ; et je me disais : « Quel intérêt peut-elle tout de même avoir, la fille de ton oncle, à te défendre ces trois choses-là, dont l’usage ne saurait en rien la léser ? Certes, il doit y avoir là-dessous quelque mystère que j’aimerais beaucoup éclaircir ! » Et, ne pouvant plus résister aux sollicitations de mon âme et à l’intensité de mes désirs, j’entrai dans la boutique d’un de mes amis, et, pour commencer, je m’assis sur une chaise rembourrée de paille. Puis je me fis apporter une pastèque excellente, préalablement rafraîchie dans l’eau. Et, l’ayant mangée avec délices, j’absorbai dans sa pâte un grain