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les mille nuits et une nuit

remplis de joyaux, de rubis, d’autres pierres précieuses et d’objets rares et somptueux. Puis elle ouvrit un autre coffre, qui se trouvait être plein d’or, et, le plaçant devant moi, elle me dit : « Eh bien, tu peux, si tu le désires, prendre dans ce coffre les six mille dinars qui ont disparu de la ceinture de ce kâdi de bitume, père de mon adorée. Mais, ô capitaine, sache bien qu’il y a mieux à faire qu’à rendre l’argent à cette barbe de malheur. D’ailleurs, cet argent, je ne le lui ai enlevé que pour qu’il meure de rage rentrée, le sachant avare et intéressé autant qu’il est encombrant. Ce n’est donc point par convoitise que j’ai agi ; et quand on est riche comme moi, on ne vole pas pour voler. D’ailleurs, sa fille sait bien que je n’ai fait ce coup que pour hâter l’arrêt de son destin. Quoi qu’il en soit, voici mon plan pour achever de lui faire perdre la raison à ce vieux bouc perclus. Écoute bien mes paroles, et retiens-les. » Et elle s’arrêta un moment, et dit : « Voici. Tu vas aller tout de suite chez le kâdi, qui doit t’attendre sur le gril de l’impatience, et tu lui diras : « Seigneur kâdi, c’est simplement par acquit de conscience que j’ai passé ces trois jours à faire des recherches dans toute la ville, concernant cette jeune femme à qui, sur ma prière, tu as accordé pour une nuit l’asile, et que tu accuses maintenant de t’avoir volé six mille dinars d’or. Or moi, capitaine Moïn, je sais pertinemment que cette femme n’est pas sortie de ta demeure depuis qu’elle y est entrée ; car, malgré les investigations en tous sens de nos hommes, et de tous les capitaines de police des autres quartiers, on n’a trouvé d’elle ni trace ni