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histoire splendide du prince diamant
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mon chambellan. Car personne, si ce n’est Allah l’Omniscient, ne connaît les mystères, et ne peut expliquer les idées fantasques d’une jeune fille. » Et, comme le prince Diamant persistait dans son dessein, le roi Qâmous lui dit encore : « Écoute, ô mon fils ! C’est une grande douleur pour moi de voir s’exposer à cette mort sans gloire un adolescent si beau des contrées orientales. C’est pourquoi je te prie, avant d’affronter l’épreuve fatale, de réfléchir pendant trois jours et de revenir ensuite demander l’audience qui doit séparer ta gracieuse tête du royaume de ton corps. » Et il lui fit signe de se retirer.

Et le prince Diamant fut bien obligé de sortir ce jour-là du palais. Et, pour passer le temps, il se mit à errer à travers les souks et les boutiques, et trouva que les gens de ce pays de Sînn et de Masînn étaient pleins de tact et d’intelligence. Mais invinciblement il se sentit attiré vers la demeure où vivait celle dont l’influence l’avait attiré du fond de son pays comme l’aimant attire l’aiguille. Et il arriva devant le jardin du palais, et pensa que s’il parvenait à s’introduire dans ce jardin, il pourrait apercevoir la princesse et satisfaire son âme par la vue. Mais il ne savait comment s’y prendre pour entrer là-dedans sans être arrêté par les gardes des portes, quand il aperçut un canal dont l’eau se déchargeait dans le jardin, par-dessous la muraille. Et il se dit qu’il pourrait bien entrer dans le jardin avec l’eau. C’est pourquoi, plongeant soudain dans le canal, il entra de la sorte, sans difficulté, dans le jardin. Et il s’assit un instant, dans un endroit écarté, pour laisser sécher ses vêtements au soleil.