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histoire de baïbars… (le 1er capitaine…)
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mais ne pouvant fermer l’œil, tant j’étais préoccupé de cette mauvaise affaire. Et à l’expiration de mon délai, je me levai et sortis, pour aller chez le kâdi. Et, la tête penchée, je m’acheminais vers ma condamnation, quand, en passant par une rue située non loin de la demeure du kâdi, j’aperçus soudain, derrière la fenêtre grillagée à demi-ouverte, l’adolescente de mes tribulations. Et elle me regarda en riant, et me fit avec ses paupières un signe qui voulait dire : « Monte vite ! » Et moi je me hâtai de profiter de cette invitation, à laquelle était attachée ma vie, et, en un clin d’œil, je fus auprès d’elle et, oublieux du salam, je lui dis : « Ô ma sœur, et moi qui suis à tourner et à te chercher dans tous les coins de la ville ! Ah, vers quelle mauvaise affaire tu m’as dirigé ! Par Allah ! tu me fais descendre les marches de la mort rouge ! » Et elle vint à moi, et m’embrassa, et me serra contre sa poitrine : « Comment peux-tu, étant le capitaine Moïn, avoir une si grande peur ? Va, ne me raconte rien de ce qui t’est arrivé, car je sais tout. Mais comme il m’est aisé de te tirer d’embarras, j’ai attendu, pour le faire, le dernier moment. Et c’est précisément pour te sauver que je t’ai appelé, alors que je pouvais si facilement te laisser continuer ta route vers la condamnation sans recours ! » Et moi je la remerciai et ne pus, tant elle était charmante, m’empêcher de baiser sa main, cause de ma présente calamité. Et elle me dit : « Sois tranquille, et calme ton inquiétude, car il ne t’arrivera rien de mal. D’ailleurs, lève-toi et regarde ! » Et elle me prit par la main et m’introduisit dans une chambre où se trouvaient deux coffres