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histoire de baïbars… (le 1er capitaine…)
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vrit aussitôt. Et le kâdi lui-même, appuyé sur les épaules de deux esclaves nègres, apparut à l’entrée. Et, après les salams de part et d’autre, je lui racontai l’affaire et lui soumis le cas, tandis que l’adolescente se tenait debout, soigneusement enveloppée de ses voiles. Et le kâdi me répondit : « Qu’elle soit ici la bienvenue ! Ma fille la soignera et veillera à ce qu’elle soit contente ! » Et, là-dessus, je lui mis entre les mains ce dépôt dangereux, et lui confiai le péril vivant. Et il l’emmena dans son harem, et je m’en allai en ma voie.

Or, le lendemain, je retournai chez le kâdi, pour reprendre le dépôt à lui confié ; et je me disais en moi-même : « Hé, oullahi ! la nuit a dû être toute de blancheur pour ces deux jeunes filles ! Mais, certes ! ma cervelle s’userait, que je ne saurais jamais ce qui a dû se passer entre ces deux gazelles enamourées. A-t-on jamais entendu parler d’une aventure pareille ! » Et, sur ces entrefaites, j’arrivai à la maison du kâdi ; et, dès l’entrée, je tombai au milieu d’une rumeur extraordinaire et de serviteurs épouvantés et de femmes affolées. » Et soudain le kâdi en personne, ce cheikh à barbe blanche, se précipita de mon côté, et me cria : « Honte aux hommes de rien ! Tu as amené dans ma maison une personne qui a dérobé toute ma fortune ! Il faut que tu la retrouves, sinon j’irai me plaindre de toi au sultan, qui te fera goûter la mort rouge. » Et, comme je lui demandais de plus amples détails, il m’expliqua, avec force interjections, tumulte, menaces et injures à l’adresse de la jeune fille, que, vers le matin, celle à qui il avait donné asile, sur ma requête, avait dis-